Depuis son invention, le cinéma a occupé une place de plus en plus grande dans le monde même si le 7eme art souffre depuis quelques décennies de la montée des loisirs numériques, après avoir pâti de l’arrivée de la télévision. De manière générale, il reste un outil de communication privilégié qui permettre de véhiculer des émotions mais au delà de partager des idées, des convictions, des valeurs culturelles et sociales. On a vu ainsi émergé dans l’ensemble des œuvres proposées par le 7eme art, un cinéma dit « engagé ». Quel est-il exactement et qu’est ce qui le définit ?
S’il peut revêtir plusieurs formes en fonction des sujets qu’il traite, le cinéma engagé se distingue d’un certain cinéma narratif et fictionnel détaché d’intentions. Il annonce même d’emblée la couleur. Il ne cherchera pas spécialement à divertir mais plutôt à exposer les faits et la réalité, en vue d’attirer l’attention de son public. Le cinéma engagé vise la conscience politique et sociale du spectateur en cherchant à le sensibiliser, voire à le bousculer.
Qu’est-ce que le cinéma engagé ?
En mettant en avant la liberté d’expression et la dénonciation, le cinéma engagé met au-devant de la scène les problèmes économiques et sociaux qui minent la société actuelle. Encore une fois, ce cinéma n’est pas axé sur le divertissement. Son propos est d’informer le public. Beaucoup de spécialistes de la communication estiment qu’il a un impact puissant sur les plans informatif, créatif, intellectuel. Ce n’est guère une surprise : le pouvoir de l’image et le pouvoir narratif ont depuis longtemps démontré leur efficacité sur l’homme.
La plupart du temps, du point de vue de ses problématiques, le cinéma engagé met en lumière les différentes injustices qui se passent dans le monde ou les atteintes à la dignité humaine qu’elles soient infligées de manière volontaire ou que les sociétés les acceptent, passivement, dans l’indifférence générale. Ainsi, les réalisateurs du cinéma engagé permettent aux opprimés de se faire entendre par un plus large canal. Par ailleurs, en apportant son point de vue spécifique et militant sur les sujets traités, le cinéma engagé se positionne comme une invitation au débat. Ainsi dans les événements, ateliers et festivals qui lui sont consacrés vous retrouverez souvent ateliers, débats, échanges avec les réalisateurs de cet art particulier.
Quelques réalisateurs avant-gardistes du cinéma engagé ?
Le cinéma engagé est un concept qui a vite suscité l’attention du public. Dès le début du XXe siècle, certains de ses réalisateurs se sont démarqués par la singularité de leurs œuvres. On ne peut guère occulter dans ce domaine l’œuvre de Chaplin qui, sous ses dehors comiques, avait entrepris dans de nombreux films (la ruée vers l’or, les temps modernes, le dictateur) un travail de dénonciation et d’éveil des consciences.
Agnès Varda (1928-2019)
Née en Belgique, Agnès Varda explore les réalités de son époque et les présente plus tard aux spectateurs. Elle est devenue une référence pour les féministes, grâce à son œuvre L’une chante, l’autre pas. Elle a connu également du succès en décrivant le mode de vie des SDF dans son film Sans Toit ni Lois. En 2017, un Oscar d’honneur lui a été attribué pour saluer son parcours et ses œuvres.
Ken Loach (1936)
D’origine britannique, le réalisateur Ken Loach est l’un des pionniers du cinéma engagé dit de gauche. Il axe ses œuvres sur les peuples opprimés et dénonce plusieurs injustices. En 2016, il reçoit la prestigieuse récompense de la Palme d’Or pour son film La casse du service public conduisant aux dysfonctionnements des services sociaux.
Michael Moore (1954)
Michael Moore est un célèbre réalisateur d’origine américaine. Il s’engage contre les injustices du système américain et le port des armes à feu. Il a notamment réalisé des documentaires reflétant ses convictions. L’un de ces plus grands succès est le film Boowling For Columbine réalisé en 2002.
En dehors de ces quelques têtes d’affiche, le cinéma engagé se distingue aussi par une partie immergée très importante. Cette dernière se compose d’un grand nombre de réalisateurs et de reporters de l’ombre qui bataillent pour financer leurs projets et pour amener leur caméra au cœur des réalités les plus sombres de ce monde. Des festivals leur sont dédiés. Quelquefois même, d’autres colportent leur films de manière plus confidentielle pour des projections-échanges en relation avec le public. Plus encore que le cinéma à gros budgets et pour l’importance de leurs messages, ces réalisateurs ont besoin de tribunes d’expression et du soutien du public.